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Publié le par Gaspard BAYALA

Diabète au Burkina Faso

agir pour endiguer le fléau

Problème de santé publique, le diabète est entrain de devenir la 7e cause de mortalité dans le monde. Selon l’organisation mondiale de la santé, plus de 347 millions de personnes souffrent de cette pathologie. Au Burkina Faso, les statistiques non exhaustives réalisées en 2012 par le ministère de la santé affichent plus de 5% de la population atteint par ce mal incurable. Toute chose qui interpelle les autorités burkinabè à prendre des mesures concrètes afin de cerner le fléau.

Le diabète est une maladie chronique qui ne se guérit pas, mais que l’on peut traiter et contrôler. Au Burkina Faso, le nombre de malade ne fait que grimper. En 2013, selon l’annuaire statistique du ministère de la santé, 3849 personnes ont consulté dans les centres médicaux et les hôpitaux pour cause de diabète contre 2928 en 2012. Permis cette fourchette d’individus, les populations urbaines sont les plus nombreuses. L’on a noté 658 pour la région des Hauts-Bassins et 418 pour celle du Centre. Le plus faible nombre a été enregistré dans le Plateau central avec 13 consultations. Cependant, dans le même intervalle, les statistiques donnent 1010 cas de diabète dont 88 décès en 2013 contre 631 cas dont 69 décès en 2012.

Des indicateurs qui inquiètent et les malades et les agents de santé. Ces inquiétudes se justifient par la cherté des produits et la complication du traitement. Selon le président de l’Association burkinabè d’aide aux diabétiques (ABAD), professeur Pierre Innocent Guissou, pharmacologue et toxicologue, en 2012, les statistiques du ministère de la santé ont enregistré un taux de 5% de la population diabétique. « L’enquête n’a pas été exhaustive. Elle n’a pas été étalée sur toute la population, donc c’est sous estimé. Et comme on le dit, la maladie est entrain d’évoluer vers une pandémie si on y prend garde », a expliqué Pr Guissou. Par ailleurs, il a déclaré que d’ici à 2035, un dixième de la population mondiale sera atteinte du diabète si rien n’est fait. Et parmi ce grand nombre, les pays peu développés paieront le lourd tribu. La tranche d’âge concerné est selon le Pr, entre 40 à 45 ans.

Il a définit le diabète comme une hyperglycémie. C’est-à-dire trop de sucre dans l’organisme qui ne descend pas. Chez un individu normal, lorsqu’il mange, surtout les aliments sucrés, l’organisme régule pour ramener le taux de sucre à la normale. Mais chez le diabétique, l’organisme n’arrive plus à faire cette régulation. La glycémie est trop élevée ce qui fait que les cellules ne bénéficient pas du bienfait du sucre. « C’est un empoisonnement des cellules qui intervient avec des complications », a-t-il ajouté. Le président de l’ABAD, a fait comprendre qu’il y avait deux types de diabètes. Le diabète de type 1 et celui de type 2.

Le diabète de type 1 ou diabète insulinodépendant (DID), parfois diabète inné est une forme de diabète sucré qui apparaît le plus souvent de manière brutale chez l'enfant ou chez le jeune adulte (ou beaucoup plus rarement chez les personnes plus âgées). Mais parfois, le diabète peut être présent depuis la naissance et ne se manifester qu'à l'adolescence. Il se manifeste par une émission d'urine excessive (polyurie), une soif intense (polydipsie) et un appétit anormalement augmenté (polyphagie). Il a aussi pour conséquence un amaigrissement malgré une prise de nourriture abondante, une hyperglycémie (c'est-à-dire un excès de glucose dans le sang) supérieure à 1,26 g/l de sucre dans le sang à jeun, ou supérieure à 2 g/l (11 mmol/l) à n’importe quel moment de la journée, avec parfois présence d'acétone dans les urines.

« Les diabétiques de type 1 doivent régulièrement contrôler leur glycémie, s'injecter de l'insuline plusieurs fois par jour, manger de manière équilibrée et pratiquer une activité physique quotidienne », a conseillé Pr Pierre Innocent Guissou. Le diabète de type 2 ou « diabète non insulinodépendant » (DNID) (aussi appelé « diabète insulinorésistant » ou « diabète de l'âge mûr » est une maladie métabolique touchant la glycorégulation provoquant à terme un diabète sucré. Le diabète de type 2 est caractérisé par les lésions microangiopathiques et macroangiopathiques dues à l'effet du glucose présent dans le sang (glycémie) sur les organes. Plus la quantité de glucose dans le sang est élevée (hyperglycémie) et pendant une longue période, plus les lésions risquent d'être nombreuses et sévères. La limite entre un taux de glucose normal et un taux à risque de laisser se développer des lésions est imprécise.

Pour standardiser les protocoles d'étude et permettre une prise en charge thérapeutique, un seuil de glycémie a été choisi pour définir le diabète de type 2. L'OMS a choisi une glycémie à jeun supérieure ou égale à 1,26 g/L à deux prélèvements différents pour situer le diabète de type 2. Au plan physiopathologique, le diabète non insulinodépendant se caractérise par une résistance à l'insuline de l'organisme et une hyper insulinémie réactionnelle. Le pancréas fabrique de plus en plus d'insuline jusqu'à l'épuisement et lorsque la quantité d'insuline ne suffit plus à contrer les résistances, le taux de glucose devient anormalement élevé.

Le diabète de type 2 est généralement asymptomatique durant de longues années. Son dépistage et son diagnostic reposent sur l'examen biologique de la glycémie à jeun ou après stimulation par l'ingestion de sucre (glycémie postprandiale ou hyperglycémie provoquée). Au Burkina Faso, Pr Guissou a laissé entendre que le diabète de type 2 est le plus fréquent. Ce facteur est dû à la mauvaise alimentation.

Le diabète de type 2 est d'origine polygénique et environnementale. La majorité des patients atteints du diabète de type 2 sont obèses. L’obésité chronique induit une résistance accrue à l'insuline qui peut évoluer en diabète. L'insuline est en effet une hormone déclenchant le stockage des graisses et un excès d'insuline se traduit par une prise de poids. De plus, le diabète de type 2 touche également des personnes minces. Le diabète de type 2 a plus de risque d'apparaître s'il y a manque d'activité physique, une alimentation riche (graisses, glucides à index glycémique élevé, c'est-à-dire élevant fortement la glycémie). C’est pourquoi, Innocent Pierre Guissou a préconisé aux citoyens d’éviter le surpoids, l’excès de sucre et contrôler surtout leur alimentation. « Il faudra que l’on arrive à avoir des centres de dépistage quotidiens. Je demande aux diabétiques de respecter les conseils de leurs médecins », a exhorté le Pr.

Concernant la prise en charge, le pharmacologue a cité les sensibilisations qui sont faites par les associations de lutte contre le diabète, le ministère de la santé qui compte engager un programme national sur le diabète et la formation de personnels diabétologues. Il y a aussi des structures de prise en charge des diabétiques au niveau des structures de santé pour leur permettre de suivre leur traitement et vivre normalement. Réunis le 24 janvier 2015, les malades ont plaidé pour la création d’un centre de prise en charge. « Jusque là, nous n’avons pas de centre spécialisé. Rien que les examens et les médicaments sont inaccessibles aux populations rurales. En plus, la prise en charge nécessite de la part du malade, un régime alimentaire contrôlé, qui nécessite beaucoup de fonds. Les fruits et légumes pour équilibrer l’alimentation ne sont pas accessibles à n’importe quelle période », a soulevé la représentante des malades, Marie Madeleine Ouédraogo. Elle a poursuivi que rien que le traitement leur coûte de la quinine. Mais, les malades n’ont autre souci que la disponibilité et la subvention des produits. « Les malades souffrent dans les chairs », a avancé Mme Ouédraogo.

Gaspard BAYALA

gaspardbayala87@gmail.com

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